mercredi 20 décembre 2006

Quatre policiers jugés pour avoir violé une prostituée nient l'avoir menacée

Quatre policiers accusés de viol(s) sur une prostituée en 2003 à Lille ont reconnu, lundi à l'ouverture de leur procès devant les assises du Nord à Douai, avoir eu des relations sexuelles gratuites avec cette femme, mais contesté avoir exercé des "menaces".

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Les quatre accusés, âgés de 27 à 33 ans, sont jugés pour "viol(s) par personne abusant de l'autorité conférée par ses fonctions" et "corruption passive". Un cinquième, âgé de 28 ans, adjoint de sécurité au moment des faits, doit uniquement répondre de ce dernier chef.

Deux prostituées s'étaient constituées parties civiles dans ce dossier, mais seule l'une d'elles - celle qui a porté les accusations de viols - était présente à l'audience.

Cette petite femme blonde et frêle, âgée aujourd'hui de 36 ans, qui s'est prostituée un temps en Belgique, dit avoir été abusée sexuellement par des policiers lors de trois épisodes différents à l'automne 2003.
Les fonctionnaires auraient menacé de l'interpeller ou de mettre en fourrière son véhicule si elle n'avait pas de relations gratuites avec eux.
Les faits se seraient déroulés pendant les heures de service des fonctionnaires, alors qu'ils étaient en uniforme.

Un à un, devant la cour, les quatre policiers - y compris un qui n'est pas mis en cause par la plaignante - admettent avoir eu des rapports sexuels avec la prostituée. Mais sans "contrainte" ou "aucune menace à son égard", affirment ces fonctionnaires au parcours jusqu'ici sans histoires et dont certains étaient très appréciés par leur hiérarchie.

Le premier policier appelé à s'expliquer, Ludovic Pronnier, s'embrouille pourtant dans ses propos. "Les rapports étaient consentants" (sic), assure d'abord cet homme, décrit comme serviable, posé et sociable. Mais il reconnaît un peu plus tard "la gravité des faits", pressé par le président de la cour qui l'interroge sur "l'intérêt de la plaignante à s'embarquer dans une affaire pareille". L'accusé admet même "le viol" tout en semblant ne pas comprendre sa définition.
Des déclarations confuses que son avocate, Me Eliane Dilly, met sur le compte d'un "stress très très fort". Quelques instants plus tard, l'accusé, grand et au crâne rasé, contestera, tout comme son conseil, tant le viol que la corruption passive.

Interrogé sur sa révocation de la police, M. Pronnier juge néanmoins la sanction "juste", car il a eu "une relation sexuelle (avec une prostituée) en service". Un de ses confrères aussi radié, Jeoffrey Carbonnel, décrit comme un "homme à femmes", admet également "avoir manqué à la déontologie".
Avocat de ce dernier, Me Emmanuel Riglaire, affirme que les faits, loin de pouvoir être assimilés à un viol, s'inscrivent dans le cadre "d'un accord qui intéressait tout le monde".
"Quand on a affaire à des clients violents, menaçants, il peut être intéressant d'avoir des policiers auprès de soi", de les "avoir dans la poche", a-t-il expliqué avant le début du procès.
Mais, pour l'avocate de la prostituée présente, Me Muriel Cuadrado, "il n'y a pas eu de marché ou de pacte", mais "une véritable contrainte", sa cliente ayant "reçu des menaces de placement en garde à vue" si elle n'acceptait pas des relations sexuelles non tarifées.
Le procès doit durer jusqu'à vendredi.

Sources AFP

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